mardi 28 décembre 2021

LE NOËL 2021 à CONQUES des ROUSSEL


Bonjour à tous, 

Nous voilà rentrés de Conques pour un temps de Noël exceptionnel avec tous nos enfants et petits-enfants. Temps arrêté, temps du silence et du recueillement que les plus petits ont vécu avec leurs mots.
Une joie particulière pour nous, un partage familial et avec les frères.
Une architecture qui dit le divin et que l'on ressent très fort
Pour mes sœurs et frères, et en particulier pour les lecteurs du blog jacquaire azuréen, comme toujours, je fais un résumé de cette expérience pour donner des nouvelles

ROUSSEL Henri et Jocelyne



Mercredi 22 Décembre 2021

 

De Nice à Conques

 

Je ne me sens bien, sur la route de Conques, qu'une fois atteint le pas de l'Escalette. Ce ne sont avant cela que boites à chaussures, échangeurs autoroutiers, urbanisation rampante et galopante. L'autoroute est inévitable jusqu'à Arles ; l'on emprunte ensuite des routes départementales traversant quelques villes et villages qui méritent mieux que leurs abords quand l'on prend la peine de se laisser distraire , un instant, de l'itinéraire imposé. Baillargues fait partie de ces découvertes avec ses murs peints rappelant son glorieux passé médiéval: sur de vilains pignons sur des murs nus sans fenêtres, dans des fonds de cour, le moyen-âge resurgit un instant au travers de ses échoppes, de ses dames derrière de grandes fenêtres à traverses et meneaux, l'eau coule à une grande fontaine.

Et pourtant la nouvelle autoroute gronde à quelques pas de là, et le TGV file dans un long sifflement, troublant la quiétude du bourg. Le maelstrom est notre lot jusqu'à la sortie de Montpellier et l'on file vers le nord, le Mont Baudille dont j'ai négocié l'achat pour le Conseil Départemental de l'Hérault en vue d'en faire une réserve naturelle.

Lodève et sa belle église se devinent avant que l'on glisse dans le tunnel de la Vierge et le plateau du Larzac se profile derrière la barre rocheuse de l'Escalette. Son nom vient de l'échelle qui servait aux voyageurs venus du Nord pour descendre vers le Languedoc en franchissant l'abrupt par ce moyen primitif.

C'est ensuite la splendeur du Causse du Larzac, son aridité, ses rochers tordus par le souffle du vent et les eaux qui les ont dissous, comme à Montpellier le Vieux. La route monte à 900 m, le paysage est désert. Des éoliennes donnent une note de poésie, brassant l'air en dispersant, de leurs immenses pales, les écharpes de brume qui s'attardent. Géants en ombres chinoises, ils peuvent être beaux dans ces immensités qui les accueillent. La Cavalerie, la Couvertoirade, le Caylar rappellent le temps des Templiers dont les commanderies jalonnent les routes. Sévérac le Château et son faux fossé marque la fin de ce passage au milieu de ces tables profondément creusées par les rivières que l'on devine très en contrebas, tandis que le Viaduc de Millau, nous emmène, de ses grandes voiles, vers d'autres horizons. Il est puissance et vertige, mais surtout poésie et finesse.

La route de Rodez laisse entrevoir ses nombreux châteaux, ses belles maisons de grès rouges avec leurs demi-croupes et leurs couvertures de lauzes.

Au bout du chemin il y a Conques, tant espéré, toujours semblable et toujours différent, dans sa solitude glacée hivernale, mais alors plus belle encore dans le silence de ses ruelles et de ses places, dans le son assourdi des cloches qui résonnent au fond de la vallée.

 

 


 

Jeudi 23 Décembre 2021

 

Conques au fil du jour

 

La nuit est glaciale ; le ciel clouté d'étoiles ; le clocher octogonal de la croisée s'est élancé à la conquête des étoiles. La lune, gibbeuse, jouant avec des bancs de brume s'est installée sur la flèche. La nuit s'achève ; la cloche égrène les heures ; sept heures. Les moines se dirigent vers la chapelle pour les laudes. Nul autre bruit désormais que celui des prières chantées du matin.  Le village est désert Au chevet le soleil sort doucement du fond de la vallée, accroche les tours jumelles de la façade, et illumine la chapelle Ste Foy de l'autre côté du Dourdou que l'on entend clapoter en contre bas. De la glace reste accrochée aux roseaux sous le pont de l'Ouche, affluent du Dourdou sur sa rive droite.

Quand le mi-temps de la matinée est là, c'est l'heure d'aller gravir le coteau au levant pour voir l'abbatiale s'allumer et se réchauffer au soleil du matin. Dans les vignes la taille des ceps se poursuit, le village s'ébroue doucement, une voiture passe, un chantier de toiture se replie, les rares commerçants ouvrent leurs étals.

Par un chemin montant, malaisé, raviné par les pluies de l'automne, il faut gravir le coteau à l'ubac pour se hisser au rocher de Bancarel, d'où l'on découvre le plus beau panorama, celui du village dans sa conque, et l'abbatiale, pierre précieuse enchâssée en son centre. Quelques pinceaux de lumière filtrent au travers des nuages de l'après-midi, coups de projecteurs sur la merveille.

Dans la grange, les repas s'enchaînent, et les apéritifs ainsi que les jeux et devinettes occupent grands et petits.

La découverte de l'abbatiale pour tous c'est à 21 heures quand le tympan du Jugement dernier s'illumine, montrant, par la polychromie, l'enfer et le paradis, grand livre ouvert où les enfants découvrent le divin dans toutes ses composantes

Entre ciel et terre ensuite, dans les tribunes illuminées, tandis que tonne l'orgue, les chapiteaux continuent à raconter l'histoire; et Amandine nous dit alors que c'est la première fois qu'elle se sent en sécurité .Anna est fascinée, disant simplement: " c'est beau"  Oui c'est beau; la nuit est douce, le tympan continue à dérouler son histoire, les vitraux de Soulages prennent la couleur et la transparence des peaux de mouton qui occultaient   les grandes fenêtres au temps de la splendeur de l'abbaye.

Les enfants, malgré cette longue journée, qui les a emmenés sur le chemin de Compostelle, ne sont pas lassés pour autant, qui continuent sous le toit protecteur de la grange, leurs jeux avec la complicité des adultes.

Dans le temps présent, de trouble et d'incertitude, ces moments hors de la tourmente qui frappe à nos portes, sont les bienvenus.

 

 

 

 

 

Vendredi 24 Décembre 2021

 

A Conques la veillée de Noël

 

Le soleil, momentanément disparu, est revenu, et la chaleur avec lui. Dans les vignes la vue est plongeante sur le bourg et les enfants profitent de ce calme surréaliste.  Cela me rappelle ce poème qui commençait ainsi : "Dans Venise la Rouge, pas un bateau ne bouge..." A Conques rien ne bouge, les commerces ont fermé très vite faute de clients, les frères vont et viennent du Prieuré à l'église au gré des temps de prières.  Mais au milieu de notre promenade matinale, nous avons pu les croiser et les saluer. Ils ont pu ainsi faire connaissance des enfants et petits-enfants Quelques visiteurs, occupant une partie de l'abbaye, déambulent dans les rues vides pour découvrir le mystère de ce village qui a perdu, le temps de Noël, pour notre plus grande joie, son agitation estivale

Le repas de midi s'est prolongé plus que de coutume, les petits ont repris leurs jeux savants sous la conduite de Denis, et les grands gravissent les collines sur le chemin de Compostelle. 

La messe de la veillée est à 22h ; la nef est plongée dans la pénombre, au fond dans l'abside à gauche du chœur, la crèche, brillamment illuminée, attend la venue de l'enfant. Les chants s'élèvent, tandis que des lecteurs, installés à la tribune, lisent des extraits du livre d'Isaïe. L'abbatiale, entre-temps, s'est remplie d'une foule qui déborde sur le déambulatoire tandis que la messe commence. Le génie humain au service du divin ; la nudité de la pierre, l'entablement portant les tribunes ; et les colonnes s'élevant d'un jet jusqu'au départ de voûtes. L'architecture de cet art roman, comme celle des abbayes cisterciennes, parle à l'âme, à l'esprit. On a senti Amandine très sensible à cette atmosphère. Je crois que, derrière la beauté du lieu, elle a ressenti une présence qu'elle a exprimé par un sentiment de sécurité éprouvé en pénétrant dans l'église. 

A minuit nous avons regagné la grange sous la lune qui se levait dans un grand halo. Anna n'en pouvait plus d'impatience, persuadée que le grand barbu ne l'avait pas attendu. Elle a poussé un grand soupir de soulagement en constatant que chaque chaise comportait son lot de cadeaux et que sa chaise à elle avait la plus grande hauteur de paquets. Le temps d'un apéritif, de quelques mignardises et chocolats, le temps de regarder l'album de photos de l'année, et deux heures sonnaient au clocher voisin.  La nuit était douce, quelques nuages traînaient dans le ciel. 

Demain sera un autre jour.

 

 


 

Samedi 25 Décembre 2021

 

Conques au fil des heures

 

Au fil des heures, j'ai saisi des moments de notre vie entre parenthèses, loin du bruit, de la rumeur lointaine d'une pandémie pourtant à nos portes. Nous avons profité d'un temps suspendu où nous n'étions pas concernés par le Covid. Aveuglement ? Politique de l'autruche ? Sans doute, peut-être ! Mais nous avions besoin de nous retrouver tous dans ce lieu

Le prieur et son futur remplaçant sont venus nous voir à l'heure du café ; le chantre sort de la grange pour la même raison. J'y ai été très sensible ; marque de sympathie de leur part dans une journée très active. Le soleil entrait à flots par les trois lucarnes du couchant.

Photo de groupe au pied du tympan du Jugement Dernier. Manquaient Véronique, Gaëtan et Adrien déjà repartis sur Figeac. Marche dans les collines au-dessus du village : un âne à la belle robe noire, un cheval, celui de Henri IV tout de blanc vêtu sans le panache et un poney à la couleur fauve. Si l'herbe du pré est tendre, elle l'est plus encore quand elle est apportée par des mains charitables au point que ces braves bêtes nous ont longtemps suivi de leurs regards tristes alors que nous continuions le chemin. Un rouge gorge nous regarde sans crainte, perché sur une clôture en bois. En dessous l'abbaye se donne des couleurs d'estampe, tandis qu'une vapeur bleutée monte des cheminées des maisons du bourg. On croise le chemin de Compostelle, descendant vers l'abbatiale, la pente est raide et nous rappelle notre arrivée sur Conques, avec Jocelyne, lors de notre étape du Puy à Conques. 

Repas de fête à midi, préparé par Aurélien : poulet au riz, sauce morilles et mignardises au dessert, tout pour plaire. Nous avons bu raisonnablement mais le temps des agapes se termine, si l'on veut pouvoir rouler sobrement demain. A 9h demain matin nos routes se séparent mais ce n'est jamais pour longtemps et le téléphone, ou WhatsApp permettent de maintenir le fil. 

Un super album photo nous attendait au pied du sapin, souvenirs d'une année tous ensemble ; un calendrier où l'homme de l'année, la vedette des jours et des mois est Gaétan. 

La douceur est au rendez-vous; nous n'aurons eu aucune pluie mais des déluges sont attendues à Conques pour lundi .What is the matter ? Nous serons loin mais le cœur restera accroché à ce coin d'Aveyron. Dans quelques semaines je serai de retour pour mon temps annuel d'hospitalier.




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