Nous partageons avec vous le récit de Didier Guédon qui, ayant parcouru le Chemin du Piémont Pyrénéen en début d'été, nous offre une description aussi émouvante que chaleureuse de son aventure.
Aujourd'hui nous vous invitons à découvrir la 3ème partie de son témoignage, celle où Didier raconte son arrivée et décrit les émotions du pèlerins qui accompli son trajet. Bonne lecture…
Parcourir le Chemin du Piémont Pyrénéen (3ème partie)
À la rencontre du sanctuaire
Décidemment, ce chemin est plein d’attention pour moi ! Tous les 5 jours, il me propose une destination ayant une vibration particulière ! Arriver à Lourdes fait ressurgir des séjours lointains chez le grand-père paternel qui avait trouvé refuge dans les Pyrénées à proximité du sanctuaire, deuxième d’Europe par sa fréquentation ! Ma longue errance dans Lourdes avant de trouver mes marques entre sanctuaire et hébergement n’était pas bon présage ! Les lieux spirituels agissent différemment pour les uns et les autres. La grâce offerte à Assise n’est pas au rendez-vous, je le pressentais…
Enfin une belle en chemin, je parle de l’ophrys abeille ! Elle pousse à découvert et non dans le fouillis végétal ne supportant pas qu’on lui fasse d’ombre, beauté oblige ! Soyons juste, il y a aussi le pavot des Pyrénées aux pétales jaune citron qui m’a mis à terre le temps d’une photo. Quelle légèreté ! Jour après jour, prairies et forêts se disputent le paysage perlé de clochers. La France que j’aime. Ah ! J’oubliais les fraises sauvages. Si on les écoutait, on ne finirait jamais les étapes ! La recette ? Remplir la paume de la main et hop !
Les vieillards de l’Apocalypse et les arums
Après Lourdes, le Béarn se présente avant que le Pays Basque soit atteint par une magnifique porte d’entrée, l’Hôpital Saint-Blaise, ancienne fondation hospitalière du XIIème siècle. L’église romane avec des influences hispano-mauresques, unique vestige ayant traversé les siècles, est là pour me réveiller d’une marche monotone et ennuyeuse à travers le Béarn en compagnie des mouches. Le pastoralisme connait une bienheureuse résurrection depuis le tournant du millénaire. Le Pays basque n’est pas en reste, la brebis basco béarnaise est la reine des pâturages, tomme oblige ! Les vaches complètent le bestiaire. Je suis étonné du nombre de marcheurs et, peut être encore plus, de marcheuses qui sont craintifs à leur approche. Une enfance, le temps des vacances, auprès de grands-parents maternels et leur petit troupeau de vaches m’ont rendu familier ces bêtes qui étaient gratifiées d’un nom. Sont restées dans ma mémoire Gitane, Normande et Frivole. Ce dernier terroir parcouru est un enchantement!
Mais soyons juste, il y eut le somptueux portail roman de la cathédrale d’Oloron-Sainte-Marie, encore et toujours du XIIème, un siècle de folie ! Les sculpteurs, que l’on nommait imagiers, s’en sont donnés à cœur joie. Les 24 Vieillards de l’Apocalypse jouant de divers instruments de musique dont la vièle piriforme m’enchantent. L’Espagne n’est pas loin, empreinte de tradition mozarabe. Je jalouse les jardins béarnais et basques où l’arum s’invite partout, il est dans son paradis ! Cette plante est comme la coupe des chagrins et de l’Espérance, rejoignant les cimetières, les chapelles mariales, les autels et les bouquets de mariée. J’avais fait projet de gagner St-Jean Pied-de-Port par la forêt d’Iraty au prix d’un peu plus d’efforts. La plus grande hêtraie d’Europe pour assouvir mon amour de ce géant de nos forêts. Projet à garder…
A la croisée des chemins jacquaires
A l’approche de Lourdes, un compagnonnage avait émergé, chaleureuse préparation au regroupement des chemins jacquaires. Lourdes passé, j’ai été sorti de mes habituelles chevauchées solitaires par secousses successives : départs du sanctuaire puis raccordement avec le chemin d’Arles (GR 653) qui anticipait celui peu avant Saint-Jean-Pied-de-Port avec le GR 65 qui rassemble ceux qui viennent des trois autres voies (Le Puy, Vézelay, Tours). Du jamais vu ! Voilà comme une lente préparation à rejoindre l’agora des pèlerins. La célébration du soir en l’église Notre-Dame de l’Assomption est une action de grâce et la bénédiction des pèlerins autour de l’autel, une bouffée de fraternité. A l’heure de l’envoi en chemin, je m’arrête ! Je n’ai même pas prévu de monter le col de Roncevaux pour le panache ! Quelque chose s’est dit au terme du chemin du Piémont pyrénéen, le partage transcende quelque chose dans l’engagement, il peut galvaniser et convier une communion secrète. Une profession de foi vacille tout d’un coup : ne jamais partir sur le Camino Francés !