vendredi 22 juin 2018

"Les 39 marches" par Henri ROUSSEL, hospitalier à Conques

Les 39 marches


Il ne s'agit bien sûr, et en aucune manière, d'un film à suspense genre Hitchcock . Il n'est pas davantage question du nombre de marches à l'abbaye, bien que ce sera le sujet essentiel mais par un autre biais.

L'abbaye qui sert aujourd'hui d'hospitalité sur le chemin du Puy-en-Velay s'appuie sur un massif schisteux sur sa partie Est, et surplombe un ravin descendant au Dourdou côté Ouest. Cela lui donne une configuration singulière et reconnaissable au chevet de l'abbatiale. Si le rez de chaussée ne comporte que quelques escaliers, tout le reste des chambres et dortoirs n'est accessible qu'à partir d'un escalier central en colimaçon dont les pierres, usées à l'extrême, témoignent d'un usage unique et ancestral. Aucun mouvement dans l'abbaye ne peut se faire hors le dit escalier.

À partir de ce point central, dont l'origine est médiévale, mâtiné de Renaissance, part un écheveau subtile de couloirs dérobés, d'escaliers escamotés et rabattant, dans un labyrinthe où l'on peut rapidement se perdre.
  • L'escalier central comporte 81 marches pour accéder aux dernières chambres et à l'Oratoire. Lundi je l'ai gravi 4 fois en une demi-heure.
    • Calcul; 81X4= 324 marches
  • Le niveau des dortoirs 1, 2 et 3 est à 50 marches. Hier par exemple je les ai montées 10 fois.
    • Calcul: 50X10= 500 marches.
  • Les chambres 3 à 12 bis et le dortoir 4 sont à 65 marches. J'y vais au moins 5 fois.
    • Calcul : 65X5= 325 marches
  • Entre 5h15 du matin et midi je descends au moins 10 fois à la cave qui me récompense de 16 marches.
    • Calcul : 16X10= 160 marches
  • Pour faire les poubelles je dois descendre encore 20 marches après la cave pour aller chercher la fourgonnette dévolue à cette tâche. Je vais être honnête en disant que je ne le fais qu'une fois par jour.
    • Calcul : 20X1= 20.
J'en oublie et je suis épuisé de compter mais mon médecin généraliste sera heureux de savoir que je suis ses prescriptions.

En haut, en bas, comme à Valparaiso et le célèbre film de Chris Marker. Je joue tous les jours dans ce film et en suis la vedette.

Pour vous consoler, et vous changer les idées, je vous signale qu'il pleut à seaux sur Conques depuis trois jours et que les pèlerins arrivent trempés. Alors on chante tous les soirs cette belle chanson de Robert Charlebois, l'accent en moins : " Fais du feu 🔥 dans la cheminée..." Au son d'un accordéon languissant.
Il a neigé à Port-au-Prince,
Il pleut encore à Chamonix.
On traverse à gué la Garonne,
Le ciel est plein bleu à Paris.
Ma mie, l'hiver est à l'envers,
Ne t'en retourne pas dehors,
Le monde est en chamaille,
On gèle au sud, on sue au nord.

Fais du feu dans la cheminée,
Je reviens chez nous.
S'il fait du soleil à Paris,
Il en fait partout !

La Seine a repris ses vingt berges,
Malgré les lourdes giboulées.
Si j'ai du frimas sur les lèvres,
C'est que je veille à ses côtés.
Ma mie, j'ai le cœur à l'envers,
Le temps ravive le cerfeuil.
Je ne veux pas être tout seul,
Quand l'hiver tournera de l'œil.

Fais du feu dans la cheminée,
Je reviens chez nous.
S'il fait du soleil à Paris,
Il en fait partout !

Je rapporte dans mes bagages,
Un goût qui m'était étranger,
Moitié dompté, moitié sauvage,
C'est l'amour de mon potager.

Fais du feu dans la cheminée,
Je reviens chez nous.
S'il fait du soleil à Paris,
Il en fait partout !

Henri ROUSSEL, jacquet des Alpes-Maritimes, hospitalier volontaire à Conques pendant 15 jours en mai-juin

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