vendredi 25 septembre 2020

Tempête et accalmie


Le cycle de Conques est celui de la tempête, suivie d'une accalmie qui, généralement ne dure guère. Après la pluie, le soleil fait une timide apparition avant d'être emporté par une nouvelle averse plus forte que la précédente. Il en va ainsi pour le torrent des pèlerins. On le croit tari car, en début d'après-midi le silence règne encore dans la cour intérieure. Les hospitaliers sont sur le pied de guerre et debout, mais sans doute les marcheurs sont-ils fatigués, ou admirent-t-ils le panorama de la conque et la basilique nichée en son creux. Ils arrivent alors groupés et soudain pressés. La pluie menace à nouveau, et la perspective d'un bon lit au chaud les a enfin poussé à descendre. Et les ascensions reprennent alors

A midi une bonne âme avait apporté une bouteille de Prosecco; le jardin à l'arrière de l'abbaye offrait son soleil et sa verdure. Cet apéritif est  le signe de la fin proche de notre séjour à Conques. Le prieur prononce les paroles qui conviennent, celles que l'on a envie d'entendre même si l'on ne veut pas partir, et l'on règle les derniers points avant de passer le relais vendredi. Au repas l'on écoute, en silence , la vie exemplaire et édifiante du saint du jour, sous une forme psalmodiée. J'ai ouvert un œil après l'avoir longtemps tenu fermé. La fatigue...bien sûr. On enchaîne sur le roman commencé il y a deux mois. Je crois qu'il y a des chinois, je pense que cela se passe en Chine, et le héros, j'en suis certain est italien. Mais là encore j'ai perdu très vite le fil de l'histoire si tant que  je l'ai, à un seul moment, écouté.

Les étrangers ont déserté les chemins français et les seuls à venir sont des suisses,  un néerlandais, et un québécois. Les frères se désespèrent car ils ne trouvent pas de lecteurs en anglais, allemand, italien ,  espagnol ou en ...swahili. Pour les hospitaliers c'est beaucoup plus simple quand il faut renseigner et guider les pèlerins vers leurs chambres ou pour leurs démarches. Mais ce brassage des nationalités, ces langues venues des quatre coins du monde font partie  du pèlerinage de St Jacques. En outre, même pour les francophones, le masque crée une distance et une incompréhension des paroles prononcées par l'un ou l'autre des interlocuteurs. Et nous passons notre temp à seriner les consignes: sanitaires avec des fiches à remplir pour suivre leurs traces en cas de positivité d'un convive; questions liées à la sécurité: évacuer les chambres sans précipitation mais avec détermination, sans chercher à retourner pour un objet de valeur, et tarder à sortir; consignes pour nous faciliter la tâche de la vaisselle. Ils répondent toujours sur cette dernière question avec beaucoup de bonnes volontés.

Nous serons bientôt simples observateurs et nous repartirons très vite, ce qui est préférable pour ne pas gêner les nouveaux hospitaliers.

Quand l'on descend la rue principale au moment du lever du soleil, des écharpes de brume continuent à s'attarder autour d'un toit pointu, d'une tourelle effilée, d'une des tours de l'abbaye. Peu  à peu le village émerge avec ses laves en écaille, de couleur grise qui couvrent les pentes des toitures aux demi-croupes. Les murs en schiste ont des joints beurrés couvrant la presque totalité de la pierre des murs. Les persiennes et volets sont couleur lie de vin. Et l'abbaye surgit de cet amas offrant la chaude couleur de son calcaire rose orangé.  Les vallons par contraste offrent le vert pérenne de leurs feuillages .

L'harmonie de cet ensemble retient , accroche les roues du véhicule comme pour l'empêcher de partir. Et pourtant !!

Les gorges de l'Aveyron nous attendent, et les bastides de la région de Gaillac. Nous ne quittons pas vraiment ce beau pays de l'Aveyron qui mérite à être connu.

 ROUSSEL Henri et Jocelyne


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