Bonjour,
Peut-être aurez-vous été surpris
du passage relatif au « système ptoléméen » décrit (succinctement)
dans mon dernier « billet ». Je n’en ai pas la paternité bien sûr, la
plupart des « exégètes » jacquaires l’ont développé, chacun à sa
manière. La thèse m’avait frappé et ouvert plusieurs perspectives en raison de
la fragilité de l’Histoire et de la Tradition jacquaire. Je reviendrai bien sûr
sur le sujet mais plus tard, après quelques fiches supplémentaires pour
expliciter la Tradition. Je vous en livre néanmoins la trame afin de mieux
comprendre l’objectif :
Car pour bien comprendre
Compostelle (de mon point de vue), il faut d’abord bien comprendre Éphèse.
Éphèse est la ville de saint
Jean située en face de l’île de Patmos où il aurait rédigé son
Apocalypse ; on conserve sa tombe au milieu des ruines romaines de
l’ancienne ville.
Mais Éphèse est aussi la ville
des femmes. Outre qu’elle était l’ancienne patrie des Amazones, elle était la
ville d’Artémis (Diane pour les Romains) ; son temple était l’une des Sept
Merveilles du Monde. Saint Paul y connut quelques déboires et saint Jean y
rédigea son évangile.
Éphèse est aussi la ville de la
Vierge Marie. On y tint le concile de 431 au cours duquel fut déclaré la
maternité divine de Marie ; ce titre de Théotokos « la Mère de
Dieu » sera le premier dogme de l’Église concernant Marie. On peut
visiter, tout proche d’Éphèse, la « Maison de la Vierge », havre de
paix et de sérénité qui avait donné lieu à une véritable épopée pour acquérir
la propriété du site (rivalités entre les Églises grecque et latine ; les
catholiques, après beaucoup d’intrigues, avaient fini par l’emporter). La pape
Jean-Paul II y avait attiré une foule considérable de pèlerins, jamais vue en
Turquie.
Mais non contents de posséder la
Vierge, l’Église Grecque voulait aussi s’accaparer la seconde figure importante
de l’Évangile (et du Christianisme) : sainte Marie-Madeleine. Les Grecs
affirmaient détenir son tombeau (dans la Grotte des Sept Dormants surplombant
la ville antique) et ses reliques. Ces dernières furent transportées à
Constantinople (avec celles de son frère Lazare en provenance de Larnaka à
Chypre, selon la Tradition orientale) par Léon VI le Sage (896-912). C’est une
partie de ces reliques qui auraient été rapportées à Vézelay par les croisés après
le Sac de Constantinople en 1204, selon une version (parmi plusieurs) de la
Tradition Bourguignonne.
Bref, nonobstant la vérité
strictement historique de certains éléments, Éphèse était un phare de la
chrétienté. Pays ensuite ravagé par les Turcs après la prise de Constantinople,
églises rasée et chrétiens massacrés ; les derniers lors de génocide de
1915 (Arméniens et Syriaques) puis l’échange avec le Grèce des tous derniers
chrétiens contre des musulmans. Il y a actuellement moins de 1% de chrétiens en
Turquie (gare à une seconde vague islamique en Occident…. !).
Et alors que la lumière
d’ Éphèse palissait, surgissait celle de Compostelle. Saint Jean demeurait
très discret à Éphèse mais le troisième apôtre parmi les amis intimes du
Christ (avec la famille de Béthanie, Lazare, Marie-Madeleine et Marthe, on ne
le dit pas suffisamment) devait, d’une certaine manière, prendre le relai, en
Occident cette fois-ci (en extrême-Occident devrais-je dire).
Au-delà, ou en dépit de
l’Histoire et des traditions, un nouveau phare de la Chrétienté naissait. C’est
l’essence-même du Pèlerinage jacquaire ; le « pendant » d’Éphèse
en Asie, en quelque sorte.
Si Compostelle est en Espagne,
la France n’a pas tout perdu . Nous avons « récupéré » la Vierge, à
Lourdes notamment, mais dans beaucoup d’autres sites mariaux. Nous avons aussi
« récupéré » Marie-Madeleine : à Vézelay, mais aussi en
Provence, sur « notre » Chemins jacquaire. Il faut le crier haut et
fort ! Dans l’Histoire chrétienne et celle du Pèlerinage de
Saint-Jacques, c’est notre plus beau « Trophée » !!
C’est en tout cas la thèse que
je défends…
Croyez-vous aux
prophéties ? Cela pourrait peut-être en devenir une… et ce sera la
nôtre !
Ultreïa !
Daniel Sénéjoux
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