mardi 11 juin 2019

LE COURAGE DE FAIRE DES CHOIX


Chers lecteurs, chers pèlerins,

Je souhaite partager avec vous un texte que m'a fait parvenir Jean-Claude Desmidt, animateur des Sorties Cleophas, texte qu'il commentera lors de la sortie du 12 juin 2019. Une lecture que chacun pourra appliquer au chemin de la Vie et au Chemin ...

Marc



LE COURAGE DE FAIRE DES CHOIX


Il ne suffit pas d’avoir des rêves et de ne jamais cesser de rêver. Il faut avoir le courage de faire des choix. Il y a dans l’armoire de nos cœurs un tiroir où nous gardons la mémoire de nos choix, réussis ou non. Il faut fouiller de temps en temps dedans pour ne pas oublier que nous avons été capables de faire des choix dans nos vies en posant une décision, avec passion, parfois même une décision qui nous a coûté. Il est nécessaire de nous souvenir de ces moments importants de notre vie pour regarder  comment nous avons été fidèles ou non à ces choix, mais aussi pour réactiver ou améliorer notre capacité de discernement et de prise de décision pour le chemin qu’il nous reste à parcourir.  Le tiroir de la volonté se trouve juste à côté du tiroir où nous conservons nos rêves réalisés ou brisés. Il faut veiller avec soin à ne pas tomber dans le piège de la pusillanimité. Afin  d’être à la hauteur de notre vocation humaine, nous sommes amenés à transmettre à ceux qui  nous succèdent – nos enfants et nos petits enfants – le courage de prendre position dans la vie, pour an honorer les exigences et ne pas nous dérober. (…) Notre conscience doit grandir dans la certitude que nous devons toujours faire ce qui est notre devoir et en notre pouvoir afin de laisser ce monde meilleur que nous l’avons trouvé.
Choisir comporte nécessairement le risque de se tromper, comme lorsqu’on déplace un pion aux échecs. En même temps, on ne peut pas éviter de déplacer son pion par peur de se tromper. Ou bien parce que l’on ne supporte pas de perdre une partie. En ouvrant le tiroir du courage de choisir, nous prenons conscience de tous les moments  de notre vie où nous avons dû prendre un risque. Ce peut être pour un choix banal ou un autre plus décisif, pour les choix qui concernent les relations affectives ou l’engagement professionnel, ou bien encore le fait de participer à un évènement qui nous a donné la possibilité de rencontrer des personnes devenues importantes pour nous par la suite. En examinant notre passé nous pouvons être  surpris d’avoir eu  de l’audace. Nous pouvons nous émerveiller d’avoir eu le courage de prendre des décisions importantes, en écoutant les intuitions de notre cœur et en mettant de côté la pression de nos peurs. (…)A la manière des médaillés et des champions qui conservent précieusement leurs décorations et leurs médailles, chacun est amené à protéger la mémoire de ses décisions afin d’être toujours prêt à lutter pour une vie qui ne soit pas subie, mais vécue avec passion. Nous avons besoin de courage pour ne pas baisser les bras devant les épreuves et les interpellations de l’existence, au quotidien mais aussi lorsque nous sommes appelés et parfois contraints, à faire  des choix importants, voire même capitaux. Le Christ répète souvent ces mots à ses disciples notamment lorsqu’ils sont un peu plus fatigués, peinent à  suivre ses traces et à comprendre ses choix : « Courage c’est moi, n’ayez pas peur ! » (Mt 14,27). Le Seigneur Jésus  redonne espérance à ceux qui sont particulièrement éprouvés dans leur vie, jusqu’à imaginer ne pas avoir le droit d’en goûter vraiment la joie, en leur adressant ces quelques mots : « Courage, mon fils, tes péchés sont pardonnés » (MT 9  2) les Actes des Apôtres recèlent une perle au moment où Paul affronte de plus en plus l’obscurité de l’incompréhension et du refus : « La  nuit suivante le Seigneur vint auprès de Paul et lui dit : « Courage ! Le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome. » (Ac 23, 11 )
Nous pourrions aussi ajouter de nombreuses références à ces simples citations bibliques, nous tournant également vers d’autres religions, sagesses ou philosophies, qui montrent combien le courage est perçu avant tout comme un don divin pour notre chemin sur la terre. Cette présence de Dieu discrète et efficace nous permet de donner le meilleur de nous-mêmes, en chemin avec tous les autres. Cela nous conduit à affronter avec  courage des situations difficiles où il semblerait naturel, peut-être même conseillé, de désespérer ou  de revenir en arrière. Le courage n’a rien à voir avec la témérité, on ne peut pas non plus l’assimiler avec l’héroïsme d’un surhomme. Il est lié à la foi comprise comme une certitude que notre vie, tout en étant entre nos mains, ne dépend pas de nous. Le courage laisse apparaître une force « qui ne vient pas de nous » (2 Co 4,7), mais qui est le fruit d’une relation profonde avec l’origine et la fin de de la vie elle-même. Jésus en a fait l’expérience au moment  dramatique où il a ressenti «  frayeur et angoisse » (Mc 14, 33) devant le mystère de sa passion imminente. Les Évangiles sont unanimes pour révéler l’angoisse de Jésus et la manière dont il l’a dépassée dans un abandon plein de confiance.  La relation avec Dieu ne retire pas l’effort et demande du courage pour affronter personnellement et dans la solitude des défis que la vie nous propose et nous impose. ( …) Nous avons besoin de fouiller de temps en temps dans le tiroir des  choix déjà réalisés pour redonner à nos gestes une saveur d’humanité, afin qu’ils ne soient jamais ni mécaniques, ni réduits, mais plutôt courageux jusqu’à l’audace. Une des plus belles choses de la vie, c’est que nous pouvons toujours oser mieux faire, même si  nous n’arrêterons jamais de nous tromper.
Frère Michaël Davide       Frère bénédictin, auteur, conférencier et animateur de retraites          Nos saisons intérieures                 Editions Mame 2018

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