J'avais dit sur le chemin :
"Plus jamais cela, je ne reviendrai pas sur le chemin !"
Billevesées, sottises, sornettes.
Je n'ai plus jamais
quitté le chemin
Nous avons affronté la
pluie battante, bravé le froid et la neige, fondu sous les chaleurs estivales
de l'Espagne. Nous avons traversé les mornes étendues de la Meseta, gravi des
cols mythiques, escaladé des monts battus par les vents, marché dans les
alpages au milieu des pourpres fougères et des verts pâturages. Nous avons
pataugé dans les boues des chemins creux, tordu nos chevilles sur des chemins
caillouteux, avalé la poussière soulevée par des vents furieux ; nous avons
placé nos pas dans ceux des légions romaines, enlacé de nos bras la statue du
Saint apôtre à Santiago. Nos voix, nos chants ont clamé les splendeurs vues,
effleurées.
Je veux continuer à
danser et chanter sous les frondaisons d'eucalyptus en Galice, écouter monter
des profondes vallées les cloches des troupeaux rentrant à l'étable ; je veux
m'émouvoir en pénétrant dans le silence des églises romanes et m'exalter au
pied des tympans historiés en lisant à livre ouvert le sens de la vie.
J'ai gardé dans ma
mémoire un chemin montant, une église abandonnée perdue dans l'océan des blés,
j'entends siffler le vent et claquer une tôle dans ce village du Far West près
du clocher ruiné de l'église du village. Je vois l'averse fondre sur nous ; les
grandes meules de paille dans le soleil levant tandis que nos ombres
s'allongent devant nous sur le chemin en direction de Los Arcos
Je veux retrouver la liberté ....
Henri ROUSSEL
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