Comme il nous l'avait dit lors d'une récente permanence à Nice, notre ami Henri ROUSSEL est parti tenir l'hospitalité à la Maison d'Abraham à Jérusalem pendant le mois de Juillet. Les lecteurs de ce blog le savent, il sait par ses articles nous faire voyager en nous donnant le ressenti des lieux qu'il visite. Nous relaierons autant que de possible, ses articles sur ce blog.
Et aujourd'hui il nous emmène où tout -presque- a commencé ... à Béthléem
Marc UGOLINI
Président-Délégué
Bethléem
Nous sommes donc sortis aujourd'hui, pour aller à Bethléem. Un bus de ville
mais de tourisme, ou le contraire, comme il vous plaira, le 205 nous a descendu
à la gare routière pour prendre un autre bus à destination de Bethléem, le 231,
ce qui est important à signaler, n'est-ce pas ?? Passage sous la citadelle puis
la route se dirige vers le sud dans un paysage alternant des zones quasi
désertiques grillées par le soleil, et d'autres où l'urbanisation ronge les
terres, notamment les colonies qui émergent parfois dans une architecture que
nos banlieues des années 70 ne renieraient pas, à la rare exception de l'usage
de pierre de Jérusalem en placage sur une structure béton. L'arrivée sur
Bethléem se fait dans une banlieue un peu anarchique mais la rue qui monte et
que l'on prend à pied revêt très vite un caractère orientale avec sa chaleur,
ses couleurs, les cris de ses marchands et l'ombre de ses ruelles. C'est ainsi
que l'on arrive sur le parvis de l'église de la Nativité ; une sorte de
blockhaus que les ans ont façonné et que la sécurité du lieu rendait
nécessaire.
Pour entrer dans l'église il faut passer par une petite porte de 1,20m de haut.
On pénètre alors dans une sorte de narthex fermé sur le côté sud par une lourde
porte métallique aux impressionnantes serrures et donnant accès à une petite
salle voûtée d'arêtes. La porte principale du sanctuaire est elle-même
impressionnante: plus de 10cm d'épaisseur d'un très beau bois avec des panneaux
ouvragés un peu à la manière de moucharabiehs. L'église affecte un plan
basilical avec ses colonnes caractéristiques encadrant la nef. Les hautes
fenêtres surplombent des restes de mosaïques, et sont elles mêmes encadrées par
des anges dans une mosaïque aux couleurs chatoyantes. Le chœur est tel qu'on
peut le trouver dans un sanctuaire oriental, l'abondance de lampes suspendues
rappelant, entre autres, certaines mosquées. L'accès au lieu de naissance du
Christ se trouve sous l'autel principal, on y accède par un escalier latéral
mais la foule est nombreuse et compacte. On y descend mais, pour ce qui me
concerne je déteste ces signes ostentatoires d'une religiosité qui tient
davantage de la superstition. On se photographie, on fait des
"ego-portraits" comme diraient les Québécois. Nous avons fui.
La messe était dans l'église mitoyenne, en arabe. Très belle par sa simplicité
toute occidentale, rien qui ne nous change de certaines de nos églises mais la
participation y est forte, les chants vibrants, et la foule des fidèles
vivante. Jocelyne à, manifestement, été bouleversée.
A 13h nous étions dans un petit troquet oriental pour manger des
"fallafels" accompagnées de diverses salades, mouton et sauce pour
le prix incroyable de 6€, le tout accompagné d'une bonne eau fraîche. Beaucoup
de jeunes femmes voilées qui se retrouvent entre elles, un couple sous la
surveillance d'une matrone chaperon, et deux touristes anglais ou américains.
En remontant à droite de la Nativité une petite rue montante conduit à la
Grotte du Lait de Marie: beaucoup plus intime, et négligée des touristes; une
atmosphère plus recueillie. C'est aussi la rue des artistes créateurs de
crèches. Une grande habilité dans le travail du bois d'olivier et de très
belles représentations de la Nativité. Une sculpture étonnante, taillée dans
une seule pièce représente l'Arche de Noé ; il y a du Facteur Cheval dans
certains personnages mais une grande dextérité dans beaucoup de sculptures, et
plus encore dans la mise en scène.
Retour par une rue parallèle avec des maisons médiévales de l'époque des
Croisades avec de savants encorbellements sur rue portés par de massifs
corbeaux, tous taillés dans la pierre de Jérusalem dont le reflet dans la
lumière de l'après-midi est magique.
Au retour de Bethléem nous avons assisté à une "scène étonnante"
qu'il m'est impossible de vous raconter aujourd'hui. Ce sera pour plus tard.
L'après-midi touche à sa fin quand nous arrivons à la porte de Damas toute
affairée par les conciliabules du soir et les activités qui ne cessent jamais,
marchands de fruits et légumes, pains et autres nourritures donnant de la voix
pour écouler leurs produits. Dans cette lumière vespérale je regarde le soleil
accrocher le Mont des Oliviers, tandis que le drapeau, frappé de l'Etoile de
David, signale une colonie juive mitoyenne de la Maison d'Abraham. La récréation
est terminée, il faut retourner en salle à manger où un groupe constitué vient
d'arriver en force.
ROUSSEL Henri