Chers lecteurs, chers pèlerins,
Je souhaite partager avec vous un texte que m'a fait parvenir Jean-Claude Desmidt, animateur des Sorties Cleophas, texte qu'il commentera lors de la sortie du 12 juin 2019. Une lecture que chacun pourra appliquer au chemin de la Vie et au Chemin ...
Marc
LE COURAGE DE FAIRE DES CHOIX
Il ne suffit pas d’avoir des rêves et
de ne jamais cesser de rêver. Il faut avoir le courage de faire des choix. Il y
a dans l’armoire de nos cœurs un tiroir où nous gardons la mémoire de nos
choix, réussis ou non. Il faut fouiller de temps en temps dedans pour ne pas
oublier que nous avons été capables de faire des choix dans nos vies en posant
une décision, avec passion, parfois même une décision qui nous a coûté. Il est
nécessaire de nous souvenir de ces moments importants de notre vie pour
regarder comment nous avons été fidèles
ou non à ces choix, mais aussi pour réactiver ou améliorer notre capacité de
discernement et de prise de décision pour le chemin qu’il nous reste à parcourir. Le tiroir de la volonté se trouve juste à
côté du tiroir où nous conservons nos rêves réalisés ou brisés. Il faut veiller
avec soin à ne pas tomber dans le piège de la pusillanimité. Afin d’être à la hauteur de notre vocation
humaine, nous sommes amenés à transmettre à ceux qui nous succèdent – nos enfants et nos petits
enfants – le courage de prendre position dans la vie, pour an honorer les
exigences et ne pas nous dérober. (…) Notre conscience doit grandir dans la
certitude que nous devons toujours faire ce qui est notre devoir et en notre
pouvoir afin de laisser ce monde meilleur que nous l’avons trouvé.
Choisir comporte nécessairement le
risque de se tromper, comme lorsqu’on déplace un pion aux échecs. En même temps,
on ne peut pas éviter de déplacer son pion par peur de se tromper. Ou bien
parce que l’on ne supporte pas de perdre une partie. En ouvrant le tiroir du
courage de choisir, nous prenons conscience de tous les moments de notre vie où nous avons dû prendre un
risque. Ce peut être pour un choix banal ou un autre plus décisif, pour les
choix qui concernent les relations affectives ou l’engagement professionnel, ou
bien encore le fait de participer à un évènement qui nous a donné la
possibilité de rencontrer des personnes devenues importantes pour nous par la
suite. En examinant notre passé nous pouvons être surpris d’avoir eu de l’audace. Nous pouvons nous émerveiller
d’avoir eu le courage de prendre des décisions importantes, en écoutant les intuitions
de notre cœur et en mettant de côté la pression de nos peurs. (…)A la manière
des médaillés et des champions qui conservent précieusement leurs décorations
et leurs médailles, chacun est amené à protéger la mémoire de ses décisions
afin d’être toujours prêt à lutter pour une vie qui ne soit pas subie, mais
vécue avec passion. Nous avons besoin de courage pour ne pas baisser les bras
devant les épreuves et les interpellations de l’existence, au quotidien mais
aussi lorsque nous sommes appelés et parfois contraints, à faire des choix importants, voire même capitaux. Le
Christ répète souvent ces mots à ses disciples notamment lorsqu’ils sont un peu
plus fatigués, peinent à suivre ses
traces et à comprendre ses choix : « Courage
c’est moi, n’ayez pas peur ! » (Mt 14,27). Le Seigneur Jésus redonne espérance à ceux qui sont particulièrement
éprouvés dans leur vie, jusqu’à imaginer ne pas avoir le droit d’en goûter
vraiment la joie, en leur adressant ces quelques mots : « Courage, mon fils, tes péchés sont
pardonnés » (MT 9 2) les Actes des Apôtres recèlent une perle au
moment où Paul affronte de plus en plus l’obscurité de l’incompréhension et du
refus : « La nuit suivante le Seigneur vint auprès de Paul
et lui dit : « Courage ! Le témoignage que tu m’as rendu à
Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome. » (Ac 23, 11 )
Nous pourrions aussi ajouter de
nombreuses références à ces simples citations bibliques, nous tournant
également vers d’autres religions, sagesses ou philosophies, qui montrent
combien le courage est perçu avant tout comme un don divin pour notre chemin
sur la terre. Cette présence de Dieu discrète et efficace nous permet de donner
le meilleur de nous-mêmes, en chemin avec tous les autres. Cela nous conduit à
affronter avec courage des situations
difficiles où il semblerait naturel, peut-être même conseillé, de désespérer
ou de revenir en arrière. Le courage n’a
rien à voir avec la témérité, on ne peut pas non plus l’assimiler avec
l’héroïsme d’un surhomme. Il est lié à la foi comprise comme une certitude que
notre vie, tout en étant entre nos mains, ne dépend pas de nous. Le courage
laisse apparaître une force « qui ne vient pas de nous » (2 Co 4,7),
mais qui est le fruit d’une relation profonde avec l’origine et la fin de de la
vie elle-même. Jésus en a fait l’expérience au moment dramatique où il a ressenti « frayeur et angoisse » (Mc
14, 33) devant le mystère de sa passion imminente. Les Évangiles sont
unanimes pour révéler l’angoisse de Jésus et la manière dont il l’a dépassée
dans un abandon plein de confiance. La
relation avec Dieu ne retire pas l’effort et demande du courage pour affronter
personnellement et dans la solitude des défis que la vie nous propose et nous
impose. ( …) Nous avons besoin de fouiller de temps en temps dans le
tiroir des choix déjà réalisés pour
redonner à nos gestes une saveur d’humanité, afin qu’ils ne soient jamais ni
mécaniques, ni réduits, mais plutôt courageux jusqu’à l’audace. Une des plus
belles choses de la vie, c’est que nous pouvons toujours oser mieux faire, même
si nous n’arrêterons jamais de nous
tromper.
Frère Michaël Davide Frère bénédictin, auteur, conférencier et animateur de retraites Nos
saisons intérieures Editions Mame 2018
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