Henri ROUSSEL, qui nous avait rappelé partir comme chaque année pour faire l'hospitalier à Conques, ne pouvant être avec nous à la permanence de ce mardi à Nice, nous envoie ce beau texte sur une journée type à Conques.
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"J'ai dormi fenêtre ouverte, face à la nuit et avec le
murmure du torrent niché au creux d'un ballon et courant vers le Dourdou en
contrebas de l'abbaye. La nuit était claire, on voyait quelques étoiles au
travers de l'étroite fenêtre. Un moment plus tard la lune achevait son parcours
nocturne en venant accrocher le pied du lit.
Silence et sérénité,
magie de Conques toujours.
À cinq heures
quelques pépiements d'oies annonçaient une aube proche, même si la nuit
restait profonde. L'heure de rejoindre la petite salle à manger pour préparer
les petits déjeuners. C'est une heure idéale, le lieu pour un moment vous
appartient et les tâches fastidieuses vous paraissent presque simples et
agréables à faire. Je déjeune à la grande table, sous les hauts plafonds à la
française. Des pas commencent à se faire entendre dans les dortoirs. Des
pèlerins avec une lampe frontale préparent leurs sacs et surgissent dans la
cour intérieure qui, d'un coup, s'anime. Les bâtons de marche claquent, les
sacs plastiques jonchent le sol, et, d'un seul mouvement, au bruit de la clé
tournant dans l'histoire, se précipitent, en se hâtant lentement vers
les deux tables dressées sous la majestueuse cheminée. Il faut alors se hâter
de réapprovisionner en flux continu car les pèlerins sont des affamés qui
anticipent les difficultés supposées du jour.
Par beau temps l'abbaye est vide vers 8h30 et l'on peut commencer certains travaux, les sacs anti
punaises de lit, le nettoyage du hall d'entrée, la navette entre les étages
pour transférer draps et couvertures vers les 90 lits à faire. Les frères
arrivent au sortir de leur messe et s'attardent parfois plus que de raison.
Quand tout va bien les grands travaux vont pouvoir démarrer qui nous mèneront jusque vers 11h30. Aujourd'hui beaucoup de retard lié à une réunion avec le Prieur qui vient nous donner les dernières informations.
Quand tout va bien les grands travaux vont pouvoir démarrer qui nous mèneront jusque vers 11h30. Aujourd'hui beaucoup de retard lié à une réunion avec le Prieur qui vient nous donner les dernières informations.
11 tables à préparer pour 70 à 80 convives, la table de midi
à dresser pour 18 à 20 personnes et midi
sonne déjà. Le repas est à midi trente puis la vaisselle assurée par les frères
tandis que l'on commence à accueillir les pèlerins, les aider à "dételer
la mule" puis, le parcours d'enregistrement achevé, les diriger vers leurs
chambres ou dortoirs. En haut en bas, dans les escaliers qui tournent, en bas
vers les caves 10 fois par jour. Entre temps, charger la fourgonnette des
poubelles qui foisonnent.
19 heures sonnent et le dîner est lancé après la bénédiction par un frère et le chant de "guerre" des pèlerins : Ultreïa !!
Une heure et demie plus tard les affamés sont partis vers l'abbatiale et la vaisselle est lancée. Cela suppose une organisation militaire pour rationaliser le ramassage et le lancement des machines.
19 heures sonnent et le dîner est lancé après la bénédiction par un frère et le chant de "guerre" des pèlerins : Ultreïa !!
Une heure et demie plus tard les affamés sont partis vers l'abbatiale et la vaisselle est lancée. Cela suppose une organisation militaire pour rationaliser le ramassage et le lancement des machines.
À 21h le gros est
fait et l'on prépare le petit déjeuner du lendemain. Cela se termine parfois
par une " tisane améliorée" du frère Jean Régis. Je vous laisse
deviner ce que cela peut-être.
Mais chaque soir je vais au concert d'orgue - même si je le connais par cœur - pour
aller me réfugier dans les tribunes sous un chapiteau à l'ombre d'une colonne
et regarder la croisée du transept s'engloutir dans la nuit ou renaître à la
lumière.
Mais ce soir le tympan retourne à ses origines et retrouve pour tout l'été sa fascinante polychromie. Chaque personnage sort du néant avant de revivre et constituer un immense peuple et un resplendissant livre d'images…
Mais ce soir le tympan retourne à ses origines et retrouve pour tout l'été sa fascinante polychromie. Chaque personnage sort du néant avant de revivre et constituer un immense peuple et un resplendissant livre d'images…
Henri ROUSSEL
Nous vivons cette journée comme si nous y étions !
RépondreSupprimerComme c'est bien écrit, tel un extrait d’un bon livre dont on aimerait continuer la lecture... un grand merci !
Récit passionnant en effet ! Merci !!
SupprimerC est en effet très bien écrit. Nous sommes transportés dans l abbaye et suivons les pérégrinations du pèlerin. Merci
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