Chers Amis,
Saint Jacques, thaumaturge et passeur ?
Vers la fin du
VIIIe siècle apparaît "l'Hymne
mozarabe" de saint Isidore [1]
inspirée du pseudo-Isidore, dans laquelle sont précisées les régions attribuées
aux "deux fois six apôtres"
pour l'évangélisation du monde :
"…
Pierre éclaire Rome ; son frère l'Achaïe
(André, la Grèce) … Les deux grands fils du Tonnerre : Jean régnant seul à dextre sur
l'Asie… Et à senestre son frère chargé de l'Espagne…"
Miniature mozarabe illustrant Apocalypse 7, 2-3. Beato de San Miguel de La Escalada, Pierpont Morgan Library, New York, Ms. 644, f.° 115v. |
L'Hymne égrène
alors, sur plusieurs strophes, les mérites et qualités des deux frères :
"L'un
assis à la droite de l'illustre créateur… l'autre à sa gauche… Jacques fils de
Zébédée appelé à la récompense par le martyre du Christ… Il protège
efficacement le malade demandant un appui … mort par l'épée il se fortifie par la gloire… Chef éclatant de l'Espagne,
notre protecteur et patron dans la fleur de l'âge, évitant la peste, sois notre
salut du ciel, éloigne la maladie, les plaies et le crime…" etc.
La "Légende de Saint Jacques"
démarre alors en flèche ! Remarquons que son tombeau n'a pas encore été
découvert et que sa réputation de saint Patron de l'Espagne a précédé sa
recherche. Le texte insiste aussi sur son rôle de protecteur et d'intercesseur,
notamment auprès des malades.
Jacques thaumaturge ?
Matthieu, puis
Luc fixent le cadre :
"Jésus
appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir sur les esprits impurs de
façon à les expulser et à guérir toutes les maladies et infirmités." (Mt 10, 1)
"Allez,
proclamez que le Royaume des Cieux est tout proche… Guérissez les malades,
ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons." (Mt 10, 7-8)
"Les
disciples partirent, annonçant la Bonne Nouvelle et faisant partout des
guérisons." (Lc 9, 6)
Un chanoine de
l'église Ste Marie-Madeleine à Byzance rapporte sur une cédule
comment les péchés d'un pénitent furent effacés sur l'autel de saint Jacques [2].
Tout le monde connaît l'histoire d'Hermogène, dont les sorts sont contrariés
par l'apôtre puis retournés contre le magicien [3].
Jacques passeur ?
Les Égyptiens vénéraient Anubis à la tête de
chacal, qui prépare les morts et préside aux funérailles. On retrouve ce dieu
dans l'Église orientale représentant saint Christophe avec la tête d'un chien
(St Christophe cynocéphale), celui-là même qui aide les pèlerins à
passer les gués (tellement proche de Jacques qu'il arrive de les confondre) et
qui se retrouva un jour à passer l'enfant-Jésus sur son dos. La mythologie grecque
connaissait Charon, nocher des Enfers qui contre une obole conduisait avec sa
barque l'âme des morts jusqu'à l'autre rive du Styx. La voie était ouverte pour
saint Jacques.
Jacques a
toujours été considéré comme l'intercesseur privilégié au moment de la mort. Tout
comme Anubis ou Charon, Jacques est présent à l'heure de la mort et pendant le
passage de l'âme de la terre vers le ciel. L'Épitre de saint Jacques, écrite à la fin du 1er siècle [4],
précède encore le Sacrement des malades :
"
Quelqu'un parmi vous souffre-t-il ? Qu'il prie" … Quelqu'un d'entre vous est-il malade ? Qu'il appelle les presbytres
de l'Église et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du
Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S'il
a commis des péchés, ils lui seront remis. Confessez donc vos péchés les uns
aux autres, afin que vous soyez guéris". (Jc 5, 13-16)
Jacques médecin ?
Très souvent
comparé à Hermès, dieu des voyageurs et des médecins toujours représenté avec
un bâton, Jacques inspire plus que jamais l'hospitalité et l'aide à son
prochain. Nous y reviendrons sûrement…
Daniel Sénejoux
Responsable Commission Patrimoine 06
[1] Cf.
"La Légende de Compostelle" Bernard Gicquel et Denise Péricard-Méa
(transcription complète p. 39 et suiv.)
[2] Me
Hubert, Exemplum de Bede le
Vénérable, signé du pape Calixte
[3]
Légende rapportée par Jacques
de Voragine dans La Légende Dorée,
attestée dès le IIIe siècle.
[4] Texte
d'inspiration judéo-chrétienne sans doute inspiré par Jacques "Frère du
Seigneur" chef de l'Église primitive
Merci Daniel ! Tu nous offres de précieux cadeaux !!!!
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