Daniel Senejoux nous écrit :
Je refuse généralement ma signature aux pétitions et résiste aux pressions, d'où qu'elles viennent mais, pour une fois, il me semble nécessaire de transmettre… le message ci-dessous qui m'est transmis par un ami prêtre et écrit par le fils d'un ami commun normand qui, outre un fils, auteur de la lettre à son évêque, a aussi deux filles, toutes deux religieuses dont une, sœur de Bethléem (comme celles du Thoronet, mais elle, à Beit Jamal en Terre sainte).
Bonne journée
Daniel
Lettre de François adressée au vicaire apostolique de Nantes
Chers amis,
Voici la lettre que notre fils François a adressée au vicaire apostolique de son diocèse (Nantes) sans évêque :
Voici la lettre que notre fils François a adressée au vicaire apostolique de son diocèse (Nantes) sans évêque :
Nicolas et Marthe
Je me permets de vous (...) parler d'un questionnement qui monte en moi, et qui implique l'Eglise.
Je comprends que les assemblées de communautés nombreuses ne soient pas souhaitables en ce moment. Toutefois, j'imagine qu'il est des métiers (assistante sociale...) dont la nature même est de rencontrer des gens, et que toutes ces rencontres ne peuvent pas se faire par skype, zoom ou Youtube.
Ne pourrait-on pas considérer que pasteur d'une communauté, c'est une activité professionnelle qui justifie des déplacements à domicile ? Et que, comme on porte les courses aux personnes vieilles ou malades, nos prêtres pourraient porter la communion à leurs paroissiens qui, s'ils ne peuvent se réunir, pourraient trouver par la visite de leur prêtre (quitte à ce que tout le monde se mouche dans son coude ou porte un masque pendant qu'il est là) un trait d'union nécessaire (et minimum) ? Je pense au sermon du St Père vendredi dernier, mais aussi à ce prêtre des environs de Rouen qui célèbre à domicile dans les fournils, les étables et les maisons de ses paroissiens. Je suis tenté de croire que nous, chrétiens, ne mettons pas assez d'énergie à vous réclamer à vous, pasteurs, les sacrements. Nous avons pris pour argent comptant la communion spirituelle, le sacramentel pénitentiel qui vaut absolution faute de mieux, mais je crois aussi que c'est de notre devoir de vous réclamer instamment de trouver un moyen de nous administrer les sacrements. J'ai le sentiment que mes frères chrétiens persécutés d'à travers l'histoire me regardent avec des yeux tristes, et me disent : nous avons manqué d'être crucifiés, écorchés, fusillés, affamés, torturés. Nous avons pris ces risques là pour recevoir les sacrements, parce que nous savions que c'est la source de notre vie spirituelle, parce que nous nous desséchions sans cela. Ces risques là, nos prêtres les ont pris. Et aujourd'hui, vous acceptez si facilement d'être privés des sacrements ! On a trouvé moyen de livrer des pizzas, des DVD, mais pas de transmettre la communion ? On trouve moyen de parler face à face avec son boulanger et sa pharmacienne, mais ce face à face, on ne va pas le revendiquer pour recevoir l'absolution ? Il ne s'agit pas de s'affranchir des "gestes barrières", qui sont devenus notre seule courtoisie et notre seul cadre de pensée. Mais nous devrions pouvoir cocher, sans aucun complexe, le motif "déplacement essentiel" de notre ausweiss auto-signé pour nous rendre au drive-confession de notre paroisse. "
Quant à cette attestation de déplacement, j'ai honte de ce papier qui me rappelle, chaque fois que je le signe, que j'ai accepté que l'essentiel soit réduit au ventre et à la carcasse, au médecin, aux pâtes et au PQ.
Nous devrions même être prêts à risquer 135 euros d'amende pour ça. Saint Théophane Vénard, quand il voyageait de communauté en communauté, savait qu'il pouvait apporter la mort à ses paroissiens. Il prenait toutes les précautions pour ne pas être pris, mais la contagion de la peur, le virus de la lâcheté, la contamination par la dénonciation que tous, paroissiens et prêtres, encouraient, n'étaient-ils pas comparables à ce que nous vivons aujourd'hui ? Je pense à Van, à Karol Wojtyla, à Thomas More, qui ont risqué leur vie, je pense à Tarcisse, que l'on accusait de détruire, par la réunion au repas eucharistique, la cohésion, donc la santé de la société qui l'entourait, et je me dis qu'il faut un mouvement énergique de militantisme pour l'accès aux sacrements. Je pense qu'il passe aussi par vous.
François Dupont-Danican
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